LE SPECTACLE SOUS-SOL PAR LA COMPAGNIE ALLONGE :
SOUS-SOL est un ballet de break (si cette discipline ne vous dit rien, je vous invite à lire l’article sur le sujet : Le break, des ghettos du bronx aux jeux olympiques 2024)
Soit un format complètement différent pour cette danse qui évolue la majorité du temps dans des battles ou dans les streetshows (les spectacles de rue ça vous parle ? Mais si à Montmartre ou au Trocadéro !) avec une vision à 360°.
Ici c’est une création chorégraphique à destinations des théâtres, avec une tout autre construction et un tout autre objectif.
L’histoire de cette pièce en quelques mots, six chercheurs qui vont explorer différents sous-sol.
Arnaud Deprez, le chorégraphe (et bien plus d’ailleurs!) fait le parallèle entre les chercheurs d’or et les danseur.se.s dans l’âme, qui amoureux de leur art ne voit pas le temps passé quand ils s’entrainent, toujours à la recherche du mouvement pépite, celui qui va sortir du lot, celui qui va briller plus que les autres et celui qui fera tôt ou tard la différence.
Crédit photo : Ammonite Production
LE SPECTACLE SOUS-SOL, UNE EXPERIENCE IMMERSIVE :
Crédit photo : Alistair Girardot
Immergé dans un univers, sous-sol est une expérience, un voyage dans un espace déterminé, ce jour-là celui de la halle aux cuirs de la Villette.
Dans le noir, la musique s’installe, enrobe et pose l’univers de la création. Une seule envie, voir, boire, rentrer dans la pièce, se faire imprégner, et ressentir encore plus fort.
Des danseurs commencent à apparaitre avec des lampes frontales, on ne voit pas bien les corps, c’est frustrant et attise encore plus.
On peut imaginer, suggérer, mais pas déterminer.
La musique expérimentale et faite sur mesure grâce entre autres à des enregistrements de bruits de matières (prise de son effectuée entre autres au musée de la mine à saint-Etienne) envoute et crée un espace-temps sacré.
C’est sombre, captivant, saisissant.
Une tension est palpale dès le début de la pièce, une tension qui vous tient jusqu’au bout, tel un film de grand suspens qui vous tient en haleine du début jusqu’à la fin.
La frustration de ne pas voir les corps et le mouvement s’atténue. Plus la création avance plus les lumières donnent vu sur les danseur.se.s/interprètes.
La frustration de ne pas voir les visages, les expressions et les regards, se dissipe, et une fois de plus le désir est assouvi.
Des acrobaties, mais de la pure création, pas de l’exécution sans âme et, toujours avec de la substance, du sens, de la véracité dans les corps, des intentions et l’utilisation habile de l’espace.
Du duo, du trio, du solo, de l’ensemble, de la formation qui progresse et surprend le.a spectateur.trice tout le long du voyage.
Egalement des tableaux ou les corps se mêlent, se touchent, se portent, se poussent, se tirent, se mettent en tension les uns avec les autres, on dirait des sculptures, des tableaux mais en mouvement, ça transpire l’art.
L’envie furieuse de voir les corps épouser la musique s’estompe grâce à ce qui me semble être l’apogée de la pièce. On en prend plein la vue, arrivant subtilement, la puissance du moment en est décuplée.
Le vocabulaire est singulier, créatif, graphique, beau, poétique, un savant mélange entre puissance délicate, langage hybride, et souci du sens et de la prise d’espace.
Pas de langage codifié à proprement parlé mais des corps forgés au breakdance, qui épouse un break revisité, réinventé à la sauce Deprez. Si on a déjà vu danser Arnaud, (nommé aussi Bboy Fenix), on reconnait sa gestuelle, son énergie, ses fougueuses suspensions, et ses formes atypiques. On sent l’explosivité mais jamais agressive, la présence, la conscience, le feu qui brule à l’intérieur, et l’authenticité.
Athlétique mais poétique, pas du « faire pour faire », la performance a du sens, raconte une histoire et autant dire qu’elle est très bien construite.
L’espace est utilisé subtilement, la musique, la lumière, les corps et les énergies évoluent en synergie ingénieuse.
On sent le travail acharné de création, de recherche, le souci du détail et la volonté d’œuvrer en équipe. L’écoute entre tous les interprètes est palpable (à tous.tes celles et ceux qui pensent qu’il faut absolument compter pour être synchro…) et véhicule une atmosphère fédératrice, le “nous” au servie du “un”, le “un” au service du “nous”.
Rien n’est laissé au hasard, tout est du sur mesure : chorégraphie, histoire, intentions, prise d’espace, costumes, lumières, une intervenante qui est venue les aider pour les portées, un regard extérieur (Philippe Almeida dit Physs, figure importante de la culture hip-hop en France, qui leur a permis d’aller toujours plus loin en termes de justesse et de sens dans leurs gestuelles, leurs qualités de corps, leurs directions et leurs déplacements.
Crédit photo : Alistair Girardot
En résumé : C’est un travail d’orfèvre.
L’art sous de nombreuses formes au service d’un propos, d’une histoire.
Crédit photo : Alistair Girardot
Chorégraphie : Arnaud Deprez
Création musicale : Mathieu Bonnafous
Création lumière : Virgile Amour
Stylisme : Harmony Coryn
Interprètes : Nassim Baddag, Sofiane El Boukhari, Lilian Damango, Alicia Anaïs Fuentes Sifuentes, Guillaume Joly, Goran Macauley.
Coproductions : CDLD P.Doussaint GPS&O dans le cadre du dispositif de soutien à la création chorégraphique de la DRAC IDF, La Villette – Initiatives d’Artistes, Les Studios Dyptik – Saint-Etienne
La création Sous-sol est soutenue par : le mécénat de la Caisse des Dépôts, SPEDIDAM, le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, la Ville de Paris – aide à la résidence, le Département de l’Aveyron (Pôle des Solidarités des Territoires, Direction de la Culture, des Arts et Des Musées), le Centre culturel Marie-France Meunier, le Théâtre de la Nacelle, l’Essieu du Batut, Overhandz Club, Résident du Laboratoire cultures urbaines et espace
public du CENTQUATRE-PARIS
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