Yoga Bikram – Pour ou Contre ?

D’où vient le Yoga Bikram ?

Après une importante blessure au genou, les médecins lui disaient qu’il ne remarcherait plus jamais, Bikram Choudhuryne ne le voyait pas ainsi. Il a alors développé avec son maître de Yoga Bishnu Goshces ces fameuses 26 postures qui l’ont aidé à se rétablir en à peine 6 mois. C’est LA story telling du Yoga Bikram.

Qu’est-ce que le Yoga Bikram ?

26 postures en 90 min dans une salle chauffée à 40°C. Pourquoi 40°C ? Pour se rapprocher des conditions climatiques qu’il y a en Inde, là où Bikram Choudhury a évolué. Nous occidentaux avons-nous les mêmes capacités/disponibilités que les indiens au départ ? Pas sûr!
Chaque posture est effectuée deux fois, la première pendant 1 min et la seconde pendant 30 secondes. Il y a également un exercice de respiration en début et fin de cours. Chaque cours se déroule exactement de la même manière, ce sont les mêmes postures exercées dans le même ordre à chaque classe.
Mais chaque cours est différent…

POUR : Leçons de vies

Pourquoi ? Parce-que chaque jour le corps est différent. L’état de fatigue, les émotions, l’énergie, le stress, l’humeur, le moral, les tensions… Les postures ne sont ainsi pas vécues de la même manière, les sensations diffèrent, changent, évoluent.

Il y a des jours où tenir une posture est facile, réalisable sans trop d’effort et des jours où juste le fait de lever et tenir son bras parallèle au sol est un effort considérable.

Il y a des cours où l’on en ressort fier, on se sent fort et sûr de soi, parce-que l’on a réussi à maitriser parfaitement son souffle, à gérer la chaleur, que l’on a tenu intégralement des postures jamais tenues auparavant (je parle de tenir la minute entière !) ou que l’on a réussi à exécuter une posture sans avoir mal quelque part. Et d’autres où l’on en sort lessivé, vidé, parfois frustré, énervé voir rabaissé.

Tomber à chaque posture, ne pas tenir sur ses jambes alors que tout le monde y arrive en apparence sans trop de soucis peu rendre mauvais ou nous faire perdre toute confiance en nous : « pourquoi je n’y arrive pas, ce n’est tout de même pas si compliqué, tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? » « Je suis vraiment nul ».

Mais chaque cours est une opportunité, une opportunité d’apprendre sur soi, une opportunité pour mieux se connaitre, une opportunité pour apprendre à gérer les choses autrement. Et peut-être trouver des réponses. Si l’on est assez à l’écoute de soi, de son instinct, de son environnement, on repart avec une clé, une leçon.

 

Mon expérience

J’ai eu plusieurs expériences avec le Yoga Bikram :

La première fois, en soif de challenge, en trop plein d’énergie je choisis la formule découverte illimitée sur 10 jours où j’avais décidé d’y aller tous les jours. J’ai au final fait 8 jours sur 10 : besoin de rigueur, je ressentais le besoin de me prouver des choses, mais j’en sortais complètement vidée, incapable de faire quoi que ce soit après, dans un état d’épuisement total, de fatigue extrême : impossible d’inclure cette discipline à mon rythme de vie déjà intense. Et je ne voyais à cette époque que le côté purement physique de la pratique « plus haut » « plus loin » comme ils le criaient d’ailleurs dans les cours… Il y avait néanmoins un état de détente sans égal une fois le cours fini, un état de pure plénitude, c’est d’ailleurs cet état là qui fait que l’on revient ! C’est addictif.

La deuxième fois, je prie un forfait illimité sur une semaine, puis j’ai prolongé le forfait sur un mois. Je ressentais les mêmes choses que la première fois, et j’étais toujours dans du purement physique « comment puis-je aller plus loin dans les postures » « comment puis-je aller plus haut » j’étais dans un objectif de forme, et tant que je n’avais pas la forme que je voulais, je ne me satisfaisais pas. Autant dire que je ne l’étais jamais, j’étais dans le jugement, il y avait à mes yeux toujours mieux à faire.
La troisième fois fût une révélation, je prenais entre trois et quatre cours par semaine, et ce pendant six mois : sensations nouvelles, ouverture du corps, meilleure compréhension des postures, je travaillais intelligemment et à mon rythme, un sentiment de fierté, un regain d’énergie suite à une période au plus bas, confiance en soi, estime de soi renforcée, détermination, comme une reprise en main.
Elle fût cette fois-ci non seulement salvatrice mais aussi thérapeutique, sur le plan physique mais aussi et surtout sur le plan psychique. Mon corps était fort, puissant, musclé et mon mental se renforçait tout autant. J’apprenais à lâcher prise, à accepter mes humeurs, mes envies, mes besoins.

Détermination, c’est elle qui vous permet de tenir votre posture le plus longtemps possible sous 40° avec le cœur qui s’accélère, le souffle qui se raccourci, le corps qui sut, la jambe qui vacille, le pied de terre qui ne se stabilise pas.

Naturellement le corps va au plus simple, il est à lui seul fainéant, il se place de sorte à faire le moins d’effort possible, quitte à compenser. Sans la force du mental, de la volonté, le corps ne tient pas dans de telles conditions. Être déterminé est une chose, mais garder la volonté de réessayer après une chute en est une autre, je l’appellerai ici persévérance. Le yoga Bikram c’est tomber, chuter,1 fois, 10 fois, 30 fois et retenter toujours une fois de plus.

Nous connaissons tous ce genre de citations :
« Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, c’est le courage de continuer qui compte » William Churchill

« La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute » Confucius

Le cours de Yoga Bikram représente ces phrases à merveille. Si après être tombé 20 fois dans le cours tu as réussi à garder le cap de ta pratique, à essayer chaque posture malgré tout : soit 26 postures, 26 chances, 26 tests finalement multipliés par deux, plus le nombre de fois où tu chutes dans la 1ère minute ou les 30 secondes qui suivent…Les chances de poursuivre, de re-tester, de retenter de rentrer dans la posture et de tenir sont infinies. Comme dans la vie… Non ?

Thomas Edison disait « Je n’ai pas échoué, j’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnaient pas » ou « Le meilleur moyen de réussir, c’est toujours d’essayer encore une fois ».
Ainsi ton mental devient assez fort pour affronter la vie et ses difficultés. C’est réellement ce que je pense.

La pratique du Yoga comme de la Danse, est une quête, une construction mentale, un chemin synaptique qui permet certes de faire une activité physique mais de pratiquer aussi une activité qui permet une réelle ouverture d’esprit, une réflexion et une évolution incroyable du cerveau humain.

La patience, elle s’apprend ici sous plusieurs aspects, car sans elle dans ce contexte c’est affolement, peur, panique, sensation de vertige et/ou de nausée.

Cette pratique ne vous laisse pas le choix, c’est là la puissance de cette méthode pour moi. Enfin si vous avez le choix, car on l’a toujours selon moi. Soit vous subissez les 90 min et croyez-moi ça peut paraître extrêmement long dans ces circonstances (La première fois que j’ai pris un cours de Yoga Bikram, au bout de 5 min je me disais « mais qu’est-ce que je fais là, pourquoi ai-je voulu essayer ça, je ne supporte pas, je veux partir tout de suite, plus jamais je ne reviendrai, pourquoi je m’impose ça ! C’est de la torture! ») ou jouer le jeu, gérer la panique d’un corps qui a chaud, qui a du mal à trouver son rythme respiratoire, cardiaque et qui sut des litres pour réguler la température du corps.
J’associerai la patience à l’acceptation. Sans acceptation l’on ne supporte pas d’attendre, de ne pas réussir tout de suite.

Il faut accepter que certaines choses se font avec le temps et du travail.
Ainsi le souffle s’allonge, le cœur décélère, le système nerveux s’apaise, pour laisser place à un relais mental/corps fascinant. Là le travail conscient, profond et transformateur peut commencer.
Détermination, persévérance, contrôle, maîtrise, fierté, dépassement de soi, challenge, défi, progression, doute, réflexion, évolution, estime de soi, confiance en soi, patience, acceptation, non-jugement, centrage, instinct…

Le lien entre le corps et le mental est permanent, la corrélation entre physique et émotionnel invariable. Faire face à ces postures c’est faire face à une même situation chaque semaine qui passe en l’abordant de manière différente selon l’humeur du jour, la qualité de sommeil de la nuit passée ou selon ce que l’on a mangé avant. C’est faire face à ses peurs et les affronter, c’est accepter ses points faibles, ses différences et apprendre à les gérer. C’est reconnaître qu’il y a des jours avec et des jours sans. Et faire avec ce que l’on a sans se juger moins bon que la veille. C’est finalement de l’adaptation.

Toutes ces leçons sont aussi valables dans la vie et c’est cela que je trouve fort et puissant. Pratiquer un sport selon moi n’est pas juste physique, mécanique ou robotique. C’est ouvrir son esprit, ses champs de possibilités, se surprendre à faire des choses que l’on ne pensait pouvoir faire ou savoir-faire, c’est savoir faire face à une situation inconnue sans paniquer, c’est se challenger, s’accepter, se respecter, se faire confiance, s’estimer, se dépasser, progresser, évoluer, c’est apprendre à ne pas se juger et à ne pas juger les autres, c’est apprendre à être soi et s’assumer. Sans tous ces aspects je ne suis pas sur qu’une personne tienne son activité sur du long terme.

CONTRE ?

Néanmoins suite à mes blessures passées, et mes connaissances en anatomie, il y a certaines postures que j’adaptais, pour qu’elles soient plus juste dans mon corps. Et je sais que cela ne plaisait pas à certains professeurs qui voulaient me voir exécuter une forme parfaite pour chaque posture, comme celles enseignées par Mr Bikram Choudhury lui-même. J’ai eu un professeur dont j’aimais particulièrement la philosophie, il était bienveillant, t’aidait à te dépasser, à prendre confiance en toi mais dans le respect de ton corps et tes propres capacités, et pas dans celles du Monsieur sur la photo dans l’entrée du centre ! La philosophie, l’humanité et les connaissances d’un professeur vous change une classe même une classe à postures codifiées.

Je pense que chaque personne est unique, que chaque corps est unique et que c’est une erreur de croire que tout le monde peut faire toutes les postures exactement de la même façon sans que ce ne soit mauvais pour certains corps. Bikram Choudhury par exemple pratique depuis son plus jeune âge le Yoga dans un pays où il fait beaucoup plus chaud qu’en occident. Est-ce qu’un cadre assis sur sa chaise depuis 10 ans n’a pas plus de risque de se faire mal sans connaissance de son corps et sans activité physique régulière ? Nous avons tous un passé, des choses inscrites dans nos corps qui nous rendent unique et il faut respecter ça quitte à ne pas faire certaines choses quand on ne le sent pas.

Je suis pour l’adaptation et la recherche du bien-être pour chaque corps et ce n’est pas ce que j’ai ressenti dans l’enseignement de beaucoup de professeurs de cette pratique. La majorité des professeurs dont j’ai pris les classes, soit une bonne dizaine de professeurs différents ne pensaient qu’à la forme finale et non au cheminement, qui correspond à l’essence même du Yoga.
Donc oui ça peut être dangereux pour certaines personnes, notamment au niveau cardio-vasculaire. Oui on a parfois des sensations de vertiges, de nausées. Oui cette pratique est difficile et n’est selon moi pas faite pour tout le monde.

 

CONCLUSION

Je pense que si la pratique est effectuée en pleine connaissance et conscience de son corps, de ses limites, il peut y avoir énormément de bénéfices, je l’ai moi-même vécu ainsi, en l’adaptant à mes besoins et mes différences, quitte à être en désaccord avec certains professeurs. Mais une personne uniquement concentrée sur la forme de la posture, suivant la personne de devant ou qui suit à la lettre le « plus haut ! Encore ! Plus loin ! » du professeur sans comprendre où il va avec son corps peut être vraiment néfaste.

Chaque personne est unique, à chacun de tester cette pratique ou non, de la poursuivre ou non. Je pense que chaque personne chemine tout au long de sa vie, le Yoga sauve des vies, la Danse sauve des vies, des rencontres changent des vies à jamais. A chacun de suivre sa voie. Suivez votre instinct et ne vous souciez pas du « qu’en dira-t-on » ou de la première critique que vous lisez. Les critiques sont subjectives et propres à chacun. Selon le moment de vie que l’on traverse, l’humeur du moment, les choses ne sont pas perçues de la même manière. Iriez-vous voir un film qui vous attire si on vous dit qu’il est mauvais ? Goutteriez-vous un fruit avec une apparence douteuse seulement parce-qu’on vous dit qu’il est bon ? N’avons-nous pas tous des sensibilités et des goûts différents ? Ne sommes-nous pas capables de réfléchir par nous-même ? Sommes-nous tous capable de suivre notre instinct et se faire confiance ?

Cet article, ce témoignage est le fruit de mon expérience personnel et fait partie de mon histoire. La vie est un apprentissage permanent, n’avez-vous pas envie d’apprendre par vous-même ?